Un peu d' Histoire:
le 9 mai 1915 : ATTAQUES SUR LA CRÊTE DE Notre Dame de LORETTE
et batailles bâtis

 
Le 1er août 1914 : ce fut la mobilisation générale ,
. le 2, l' annonce de la guerre et le 3 août, l' invasion surprise de la Belgique.
La bataille des frontières tourne vite a la débâcle , et se produit à travers notre région le premier exode massif : des milliers de civils belges se dirigent vers Paris. Fin août, les premiers combats se produisent vers Arras, avec pour conséquence un nouvel exode des populations locales vers le sud ou vers le Haut-Artois.
Les Allemands passent à Arras le 31 août, la ville est occupée et pillée pendant deux jours, les 6 et 7 septembre. Mais le plan des envahisseurs épargnait le Pas de Calais et le gros des troupes passe à l' est d'Arras.
Mi-septembre, après la première bataille de la Marne, les troupes françaises et britanniques revenaient vers le littoral vers
le Nord pour tenter de déborder l' adversaire dans une manœuvre qui s'est appelée : " la course à la mer ".Pendant plusieurs semaine, des combats sporadiques éclatèrent dans la région de Arras, St Pol, sans front fixe.
La première " bataille de l'Artois " eu lieu de 1er au 26 octobre 1914, entre Arras et Lens. L'avance de la 6 ème armée
allemande du Kronprinz de Bavière creusa un saillant entre Armentières et Arras dont l' extrémité atteignit les hauteurs du plateau câblaient St Nazaire où se dressait une chapelle dédiée à Notre Dame de LORETTE. Les Bavarois occupèrent puis fortifièrent la crête et les villages environnants(Souchez, Carrency et Ablain). Géographiquement la " croupe " de Notre-Dame-de-Lorette est une longue arête de terre qui s'étend d'ouest en est, du bois de Bouvigny au nord de Souchez, et s'avance en promontoire au-dessus de la plaine de Lens jusqu'aux abords même de la région houillère. Au sommet de sa partie orientale, près du point coté sur la carte 165, s'élevait, .avant la guerre, la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette, lieu de pèlerinages régionaux. Tandis que les pentes nord du plateau sont relativement douces, celles du versant opposé sont très escarpées. Le massif détache successivement vers le sud est cinq contreforts abrupts et séparés par d'étroits ravins. Vu du bas-fond d'Ablain-Saint-Nazaire, ils présentent la forme de « côtes de melon » ; tel fut, du moins, le surnom que leur donnèrent les fantassins français. Ce sont, de l'ouest à l'est, l'Eperon Mathis(1), le Grand Éperon(2), l'Éperon des Arabes(3), l'Éperon de la BlancheVoye(4) et enfin l'Éperon de Souchez (5) qui domine à pic la sortie est d'Ablain Saint-Nazaire et la sucrerie située sur la route de Souchez. Les Français subirent de lourdes pertes et furent contraint de reculer. Après la chute de Lens, le 4 octobre, le front se stabilisa avec l'arrivée des renforts belges et britanniques.
Les premiers tués français tombèrent le 9 octobre 1914 lorsque le 149 ème R.I. attaqua le secteur de Lorette.
De décembre 1914 et janvier 1915, le 21ème corps d'armée, commandé par le général Maistre, prit pied sur l'éperon Mathis.
Après les offensives françaises - au nord d'Arras - et anglaises - sur Richebourg - en décembre 1914, le front resta « calme » pendant plusieurs mois. Les deux armées épuisées commencent alors à s'enterrer dans les tranchées, face à face, le long d'une première ligne de front. Pendant de l'hiver 1914 -1915, très rigoureux, dans la boue, le froid, la neige et l'horreur quotidienne des assauts continuels contre le plateau d'Ablain et contre le village de Carency coûtaient des milliers de victimes. Ainsi le 3 mars une attaque Allemande précédée de l'explosion de 16 mines creusées sous nos tranchées (7 heures du matin). Malgré la brutalité de l'assaut, nos vaillants poilus resistèrent héroïquement pendant près de sis jours. Pour cette seule contre offensive les pertes Françaises s'élève a 3 300 hommes! ( ndla : a rapprocher des pertes de la guerre d'Algérie 30 000 hommes mais en 8 ans)
Au début du printemps, généralissime Joffre décida d'une plus vaste offensive destinée à crever le front de l'ennemi. Le
Général Foch fut chargé de la superviser. La 10 ème armée du général d'Urbal, forte des 33 ème ( général Pétain ), 21 ème corps d'armée ( général Maistre ), 9 ème(général Dubois), 10 ème(général Wirbel ) et 20 ème (général Balfourier ) C.A. soit 15 divisions d'infanterie, 3 de cavalerie, 1000 canons et 125 mortiers de tranchées. Le corps du général Maistre reçoit la mission de chasser l'ennemi des trois derniers éperons du massif (Arabes, blanche Voye et Souchez) et d'enlever la crête supérieure portant prés de son rebord Est la chapelle de Nd de Lorette, du moins ce qu'il en reste. Toutefois il est a noter que les premières tranchées françaises sont encore distantes d' environ mille mètres de ce point.
L' organisation allemande est formidable.Une division d' élite, composée en majeure partie de Badois, a ordre de garder, coûte que coûte Notre-Dame-de-Lorette, tandis qu'en arrière est dissimulée, dans les agglomérations d'Angres et de Liévin une puissante artillerie, balayant d' un feu continu tout le flanc nord de la colline et le plateau lui-même. De l' éperon des Arabes à la route de Souchez à Aix-Noulette, qui court au bas des pentes nord-est de la colline, s' échelonnent cinq lignes de tranchées profondément creusées, renforcées six mois durant de sacs de terre et de sacs de ciment, couvertes par des réseaux doubles ou triples de fils de fer et de chevaux de frise. De cent mètres en cent mètres des barricades forment de puissants flanquements garnis de mitrailleuses. Plusieurs fortins et des ouvrages avancés servent de points d' appuis aux défenses des tranchées. L' un d' eux, au nord-est de la chapelle, interdit l' accès de l' extrémité , du plateau; il comprend des fossés, des grilles, des casemates et des abris de dix mètres ou plus de profondeur.
Et ce fut la deuxième " bataille de l'Artois ".
Le bombardement visant à démolir les positions ennemies débuta à 6 h. le 9 mai 1915.
A 10h. l' assautà la baïonnette et à la grenade démarra. il fallut un mois et demi de combats acharnés pour s' emparer que d' une partie seulement du périmètre fortifié allemand. Les Français employèrent mal leur artillerie, manquant de canons lourds, l' infanterie fut massacrée par les mitrailleuses et par les obus ennemis. Deux heures après elles ont enlevé trois lignes de défense et sont parvenues au réduit de la position, devant le fortin de la chapelle, où, derrière un entassement de sacs à terre et d' épais blindages, les mitrailleurs allemands tirent sans discontinuer.

Ce même jour, les Alpins de la 77 ème division d'infanterie, avancèrent de 5 km. tandis que les Nord-Africains et la Légion atteignaient la côte 119 qu'ils durent abandonner faute de renforts.On peut noter parmis les importantes pertes de cette attaque la mort du luxembourgeois Francois FABER, engagé volontaire,caporal dans la légion etrangère et vainqueur du tour de France 1909. Le 21 ème C.A. progressa quant a lui sur la plateau de Lorette. L'attaque se brise contre le fortin de la chapelle. Les unités subissent des pertes graves ; certaines compagnies ne sont bientôt plus commandées que par des sergents. La progression s'exécute par bonds d'un trou d'obus à un autre. D'énormes réseaux de chevaux de frise, qui précédent dans un repli du terrain le fortin, sont restés à peu près intacts. Les-chasseurs cependant ne reculent pas. Décimés, ils s'accrochent au sol tandis que les fantassins les rejoignent. On se bat à coups de grenade, de baïonnette, même à coups de couteau, tandis que les mitrailleuses allemandes ne cessent de tirer. La nuit tombe, dit le récit officiel, éclairée par les obus et les fusées, déchirée par les cris des blessés, le fracas des explosions, le claquement des balles. Chasseurs et fantassins s'installent comme ils peuvent sur le terrain. Devant un énorme entonnoir de mine de 80 mètres de tour, ils poussent au fond les cadavres allemands et s'organisent sur les bords, derrière des parapets improvisés. " Il fait chaud et l'odeur est atroce. Tous les morts des mois précédents, enterrés à fleur de terre, ont été projetés par les obus hors de leurs tombes. Le plateau n'est plus qu'un vaste charnier... "

Le 10 mai, les Français continuèrent leurs attaques contre Carency, Neuville Saint Vaast et Le Labyrinthe, subissant de très lourdes pertes.Sur le plateau de Lorette, les Français conservent tous leurs, gains,. les étendent même légèrement, tandis que les mitrailleuses allemandes tirent. sans répit.Les 11 et 12 mai, une lutte féroce continue sur le plateau

Enfin, le 12 mai, à la nuit, les chasseurs bondissent, en se courbant, hors de leurs retranchements, puis se jetant à plat ventre, rampent jusqu'au fortin. Là, sous les mitrailleuses qui tirent à 75 centimètres au-dessus d'eux, ils arrachent les sacs de terre des défénse allemande et, les appliquent sur les créneaux, ralentissent le tir ennemi. Les unités suivantes, profitant de cette accalmie, accourent et le flot passe par-dessus le parapet.
A l'intérieur du fortin, dans la nuit épaisse, un corps à corps forcené s'engage. Les Allemands n'en peuvent plus. La chapelle effondrée est dépassée. Autour, c'est un inextricable enchevêtrement de souterrains, d'entonnoirs, de trous d'obus bourrés de cadavres et de matériel.
Devenus ainsi maîtres de la crête du plateau de Lorette les Français ne tiennent cependant pas encore le massif en son entier. Les Allemands résistent. toujours sur les deux éperons de la Blanche-Voye et de Souchez. Là pluie et les nombreuses sources prenant naissance sur la hauteur ont transformé ce terrain argileux en une boue glissante où la progression est particulièrement malaisée. Pourtant l'éperon de Souchez est peu- à peu conquis les jours suivants jusqu'au point où il domine à pic la sucrerie de Souchez. Par contre, des feux terribles de mitrailleuses brisent toutes les attaques contre là Blanche-Voye.

Jusqu'au 20 mai, la ligne française décrira un vaste demi-cercle depuis l'ouest , d'Ablain-Saint-Nazaire jusqu'aux flancs de l'éperon Est, en contournant l'autre contrefort. Huit jours durant, tapis dans leurs retranchements de la Blanche-Voye et dans les maisons.- qu'ils tiennent encore: au nord et à l'est d'Ablain, les Allemands mitrailleront sans arrêt les lignes françaises tandis que les batteries d'Angres et de Liévin dirigeront tous leurs feux sur le haut du plateau.
Le 22 mai enfin après deux journées de furieux combats, les tranchées de la Blanche-Voyie sont emportées et tout le massif de Notre Dame-de-Lorette sauf le bas des pentes de l'éperon de Souchez, est occupé.
La résistance allemande étant trop forte, le général Foch arrêta l'offensive le 24 juin.
La lutte aura duré treize jours pour conquérir 20 km2. De part et d'autre, les pertes ont été très élevées.
Sur le terrain, les Français perdirent 102 500 hommes blessés, tués, disparus dont 609 officiers y compris le général Barbot bléssé mortellement par un éclat d'obus (décédé dans l'ambulance qui l'amène à Villiers-Châtel le 10 Mai 1915).

A la date du 11 juillet 1915, le général d'Urbal commandant la 10ème Armée, cita en ces termes à l'ordre de l'Armée le 21e corps, ainsi que les 43e et 53e, divisions : " Sous le commandement du général Maistre, ont fait preuve, au cours d'attaques renouvelées, pendant plusieurs semaines consécutives et sous un bombardement intense et continu, de jour et de nuit, de l'artillerie ennemie, d'une ténacité et d'un dévouement au dessus de tout éloge ".
- 10 - 12 mai 1915 :ATTAQUE SUR LA CRÊTE DE N.D. DE LORETTE. La chapelle est prise.
- 18 - 20 mai 1915 : ATTAQUE SUR LA CRÊTE DE N.D. DE LORETTE. Les Français sont maîtres de la crête.
- 22 mai 1915 : ATTAQUE SUR LA CRÊTE DE N.D.DE LORETTE. Tout 1e massif de Lorette est pris.

Du 9 mai au 16 juin nos artilleurs ont tiré plus de 2 000 000 d'obus, les pertes allemandes les dépassèrent 80 000 hommes.

A l'automne, Joffre relança les opérations et le 12 septembre 1915, la 10 ème armée soutenue par la 1er armée anglaise du général Haig, passa à l'attaque après une préparation d'artillerie de 5
jours.
La troisième offensive d'Artois stoppa le 12 octobre, essoufflée au bout de quelques jours. Résultats : la prise de Souchez et du Labyrinthe, le nettoyage de Neuville Saint Vaast, la côte 119 et la crête de Vimy atteintes ne permirent pas de percer le front ennemis mais provoquait de lourdes pertes chez les Britanniques (à Loos, Givenchy) et chez les Canadiens (60 000 morts sur la crête de Vimy).
Début novembre, les combattants étaient épuisés. Les pluies noyaient tout. La boue envahissait le terrain et paralysait tous les mouvements.
Pour soulager les Français menacés par les attaques ennemis contre Verdun, les Britanniques, en mars 1916, relevèrent la 10 ème armée du général D'Urbal, entre Vermelles et Bapaume, en Artois, et s'emparèrent de la crête de Vimy en 1917.
Si l'on excepte une offensive anglaise limitée sur Martinpuich - avec pour la première fois des chars d'assaut - le 15 septembre 1916, les adversaires restaient sur leurs positions. Cependant, les 26 et 27 février 1917, les Allemands opérèrent un repli tactique sur leur ligne fortifiée « Hindenburg » : 99 des 189 communes occupées du Pas-de-Calais étaient libérées; la plupart avaient été dynamitées...
En avril 1917 commençait la quatrième et dernière" bataille d'Artois "; cette fois, les Canadiens prenaient Vimy ( le 9 avril ); les Allemands évacuaient Lens. Mais rien de décisif ne fut obtenu, et les Alliés se contentèrent dès lors d'opérations secondaires en Artois: assaut des Australiens contre Bullecourt, attaque anglaise sur Cambrai - avec emploi massif de tanks - le 20 novembre 1917. La situation des Alliés évoluait favorablement : les premières troupes américaines avaient débarqué à Boulogne le 13 juin 1917...
La contre offensive allemande de la dernière chance éclata le 20 mars 1918 entre Arras et l'Oise : les Anglais reculaient, Bapaume était reperdu.
Un second choc se produisait le 9 avril en Flandre : les Allemands cherchaient à prendre Béthune pour atteindre ensuite Calais par un mouvement tournant. Les mines de l'ouest du bassin, non occupées depuis 1914, devaient être évacuées en catastrophe. Cependant, les Britanniques parvenaient à endiguer l'assaut sur le « saillant de la Lys».
De rage, l'état-major allemand bombardait et détruisait le cœur de Béthune qu'il n'avait pu prendre (20 mai). Enfin, la grande offensive alliée se déclencha le 21 juillet provoquant la retraite allemande : le 16 octobre 1918, tout le territoire du Pas-de-Calais était enfin libéré.